Les émeutes se propagent en Grande-Bretagne, David Cameron promet des renforts policiers LONDRES (AP) - La vague de violences urbaines et de pillages qui a déferlé sur plusieurs quartiers de Londres ce week-end, après la mort d'un jeune père de famille tué par la police, a gagné trois grandes villes britanniques, Birmingham, Bristol et Liverpool. Le Premier ministre David Cameron, qui a écourté ses vacances, a décidé mardi de rappeler le Parlement en séance extraordinaire et promis des renforts policiers.
Face à ces incidents, les plus graves depuis les émeutes raciales qui avaient embrasé la capitale dans les années 1980, le Premier ministre conservateur est rentré d'Italie, où il passait ses vacances, pour présider mardi une réunion de crise.
Dénonçant des violences "écoeurantes", David Cameron a annulé tous les congés de la police métropolitaine, responsable du Grand Londres, et promis des renforts des forces de l'ordre venues de tout le pays, sans aller toutefois jusqu'à faire appel à l'armée. Cela porte le nombre de policiers qui devaient patrouiller dans la capitale mardi soir à 16.000 contre 6.000 la nuit précédente.
"Je suis déterminé, le gouvernement est déterminé à ce que justice soit faite", a déclaré David Cameron lors d'une conférence de presse télévisée mardi, précisant que 450 interpellations avaient eu lieu jusqu'alors.
Compte tenu de la situation, le chef du gouvernement a décidé de suspendre les vacances parlementaires pour rappeler le Parlement en séance.
Selon la police, au moins 69 personnes ont déjà formellement accusées d'avoir commis des infractions. Trois des individus interpellés sont soupçonnés d'avoir tenté de tuer un policier, qui a été hospitalisé après avoir été percuté par une voiture dans le nord de Londres tôt mardi matin. Au moins 100 individus appréhendés sont âgés de 21 ans au plus. Environ 35 policiers ont été blessés dans les violences, selon les forces de l'ordre.
A Londres, des groupes de jeunes ont commis des actes de vandalisme pour la troisième nuit consécutive, mettant le feu à des bâtiments, des véhicules et des décharges, pillant des magasins et jetant divers projectiles sur les forces de police. Les troubles se sont propagés des faubourgs de la capitale au quartier aisé de Notting Hill et des actes de vandalisme étaient signalés à Camden, Chalk Farm, Enfield (nord), Hackney (est) et Peckham (sud).
D'après la police londonienne, 14 personnes ont été blessées, dont un homme d'une soixantaine d'année dont la vie était menacée. A Croydon, dans le sud de Londres, la police a déclaré qu'un homme de 26 ans avait été grièvement blessé par balle lundi.
La police a appelé des centaines d'agents en renforts et, fait rare, a déployé des véhicules blindés dans certains des secteurs les plus touchés, tentant de reprendre le contrôle des événements face à la situation chaotique rapportée dans des quartiers de Londres. Mais des actes de vandalisme ou des affrontements avec la police étaient aussi rapportés dans trois autres grandes villes du pays à Birmingham (centre), Bristol (ouest) et Liverpool (nord-ouest).
Les troubles avaient éclaté dans le quartier défavorisé de Tottenham, dans le nord de Londres, durant la nuit de samedi à dimanche, deux jours après la mort d'un homme de 29 ans, père de quatre enfants, tué par balle par les forces de police dans des circonstances controversées.
Parmi les émeutiers, certains disaient protester contre les réductions drastiques des dépenses publiques opérées par le gouvernement. "C'est le soulèvement de la classe ouvrière. Nous redistribuons les richesse", affirmait un jeune homme de 28 ans, qui s'est décrit comme un anarchiste.
Le chef par intérim de Scotland Yard Tim Godwin a assuré mardi qu'il n'y avait pas de projet pour faire appel à l'armée dans la capitale.
A Londres, certains habitants ont appelé la police à déployer des canons à eau pour disperser les émeutiers, ou demander le soutien de l'armée, mettant en cause les responsables des forces de l'ordre, déjà affectées par le scandale des écoutes du tabloïd "News of the World".
"Il y a de la tension depuis longtemps. Les enfants ne sont pas heureux. Ils détestent la police", déclarait Matthew Yeoland, un enseignant de 43 ans, témoin des violences à Peckham. "C'est comme une zone de guerre et la police ne faisait rien. Il y avait trop de gens et pas assez de policiers".
Conséquences des violences à Londres, le match de football amical prévu mercredi entre l'Angleterre et les Pays-Bas au stade de Wembley a été annulé. De même, trois matches de la Coupe de la Ligue prévus mardi à Londres (West Ham/Aldershot, Charlton/Reading, Crystal Palace/Crawley) ont déjà été repoussés à titre de précaution. L'attaquant anglais Wayne Rooney a lancé un appel à l'arrêt des violences, jugeant la situation "embarrassante" pour le pays.
Ces troubles inquiètent pour la sécurité des JO d'été de 2012 dans la capitale, mais le Comité olympique international a assuré qu'il avait confiance dans les autorités britanniques. "La sécurité aux Jeux olympiques est une priorité pour le CIO", a déclaré son porte-parole Mark Adams. AP
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